Par delà l'horizon-Artifice

18/05/2011 18:18

 Par delà l’horizon

 
Chapitre I : De l’autre côté d’Azeroth
 
Au milieu de l’océan se tiennent parfois des petites îles non répertoriées sur les cartes. Certaines d’entres elles regorgent de secrets engloutis par le silence. Qui sait se que l’on peut trouver dessus. Souvent, il se peut que l’on soit surpris de son séjour et que l’on découvre avec étonnement que cela nous a changé, autant physiquement que mentalement. Quand rien ne parait vrai, que faut-il croire ?
 
L’océan était à perte de vue, le vent marin venait balayer le navire de long en large et produisait des sifflements incessants. Depuis qu’il quitta le port de Hurlevent, le bâtiment n’avait jamais appareillé. Le Fordragon dirigé par le capitaine Sadren  à destination de Theramore est l’un des navires les plus conséquents de la flotte humaine. Vaisseau de 1ère ligne, 56,70 m de longueur, maître-bau de 15,80 m, Tirant d'eau à 7,44 m, un navire de 3556 tonnes porté à travers les océans à la vitesse maximale en état de voile de 9 nœuds.
Une dizaine de personnes étaient sur le pont, éclairé par la faible lueur de l’aurore. Une journée ensoleillée s’annonçait et on s’en réjouissait à bord. Un homme en tenue militaire se tenait appuyé sur la rampe, observant l’équipage s’animer aux premières heures du jour. Le capitaine Sadren aimait observer comme cela les choses se dérouler autour de lui. C’était un homme calme, ses cheveux noirs lui voilaient le visage, concentré et imperturbable. Ses yeux bleus fixaient l’horizon, comme attirés par ce qui pouvait être au-delà, mais son attention fut détournée par l’un des marins. Le lieutenant Wëlen se tenait droit devant lui et l’aborda de la façon la plus banale qu’il soit :
« -Bonjour mon capitaine !
-Lieutenant, que me vaut ce plaisir, répondit Sadren.
-C’est une belle journée mon capitaine, les hommes et moi nous nous demandions si nous ne pourrions pas amarrer sur l’île la plus proche pour profiter du soleil.
-Lieutenant je suis dans l’obligation de refuser votre demande, étant donné que nous n’avons pas vu la terre depuis maintenant 8 jours et que le prolongement de ce fâcheux inconvénient nous empêche donc de mettre ne serait-ce qu’un pied en dehors de ce bâtiment. Maintenant, lieutenant, je vous prie de regagner votre poste et ne vous avisez plus de me poser des questions aussi stupides que celle-ci. Ais-je été clair monsieur Wëlen ?
-Oui mon capitaine, à vos ordres mon capitaine ! »
Sadren descendit dans la coque du navire, il marchait entre toutes ces âmes endormies. Des 197 hommes du navire, le capitaine n’en connaissait qu’une poignée, jamais il n’avait eu l’occasion de faire connaissance avec l’un d’entre eux. Après être passé entre une vingtaine de soldat – et de canon – il s’arrêta et observa longuement un homme à l’infirmerie. Ce malheureux était atteint de la tuberculose, et ne quittera probablement jamais ce navire, il serait même rare qu’il passe la prochaine nuit, se disait Sadren. Une plaie particulièrement sanglante avait attiré son attention sur le matelot d’à côté. S’il y avait bien une chose qui ne manquait pas de monde, c’était bien cet endroit.
« -Voilà la vie à bord d’un navire de guerre, dit un homme derrière le capitaine.
Sadren se retourna et reconnu le médecin et prêtre du navire.
-J’espère seulement qu’ils ne viendront pas grossir le cimetière d’Hurlevent.
  -Pas d’inquiétude à ce niveau là. Leur corps seront jeté par-dessus bord avant d’arriver à quai, la pestilence qu’ils dégagent est trop nocive pour nous.
-Steirwen, dit le capitaine, votre âme médicale n’a jamais au moins une fois fait preuve d’espoir ?
-Il me semble que non, mais de réalisme, souvent.
Ils passèrent à côté d’une vingtaine d’invalides et de malades. 
-Les hommes ont vraiment besoin de se reposer, constata Sadren, ils ne veulent qu’une chose, c’est mettre les pieds sur la terre ferme.
-Ne sont-ils pas à l’aise sur ce magnifique vaisseau de la flotte ?
-Quand il est approvisionné oui, mais ce n’est pas le cas et je ne crains que cela dure.
Ils montèrent les marches pour arriver sur le pont.
-Vous voyez bien que l’océan est sans fin, affirma le médecin, cela fait maintenant trop longtemps que nous naviguons sans la moindre trace de côte. Il faut se rendre à l’évidence M.Sadren, nous sommes perdus.
Des mouettes vinrent passer prêt d’eux à plusieurs reprises et son regard fut attiré par l’une d’entre elle. Elle semblait être une espèce rare présente uniquement dans les îles. 
Il l’a suivit du regard et courus à l’autre extrémité du bateau pour mieux l’observer lorsqu’il aperçu derrière elle une silhouette grise.
-Lieutenant Wëlen !
-Oui mon capitaine.
-Ma longue vue je vous pris.
Il passa en revue l’horizon en essayant de retrouver la forme.
-Qu’avez-vous vu, demanda Steirwen.
-Il me semble que… J’ai cru… Là ! Regardez, lança le capitaine, une silhouette !
Le prêtre prit la longue vue et confirma.
-Devons-nous nous mettre en alerte capitaine, demanda Wëlen.
-Branle-bas de combat, cria le capitaine.
En un instant, les cloches et les sifflets se mirent à emmètre des sons très bruyant. Les hommes sortirent tous de leur hamac et se positionnèrent le plus rapidement possible à leur poste de combat.   
-Barre à tribord, hurla-t-il, nous sommes contre le vent, nous risquons d’être ralentis !
Il essayait de distinguer la silhouette, elle ressemblait fortement à un navire mais il n’était sûr de rien.
-Envoyez les chaloupes !
La légère brume matinale empêchait une visibilité correcte à plus de 50 mètres. Trois chaloupes sortirent du navire et avancèrent vers l’emplacement de la silhouette, maintenant disparue.
Le capitaine hésita un instant, puis il tenta de retrouver la forme grise qu’il avait vue. Il scruta l’horizon mais rien, pas la moindre nuance, disparue. Il s’apprêtait à détourner sa longue-vue lorsque trois lumières rouges se formèrent momentanément dans la brume. S’en suivit le bruit frappant de coups de canon.
-A couvert, cria Sadren, tout le monde à couvert !
Le navire fut frappé par des boulets lancé à pleine vitesse et ils endommagèrent le bâtiment.
Sadren ressortie sa longue-vue et cette fois, il aperçu sortant de la brume, un navire brandissant l’étendard de la Horde.
-Mettez-nous à portée de tir, sortez les canons !
Des cadavres ornaient le sol, le sang faisait glisser les hommes encore vivant. Une vague de soldats agonisant furent emmenés à l’infirmerie.
-Nous sommes à portée capitaine.
-Envoyer par le fond cette bande de chien galeux, hurla Sadren, tirez !!
Les tirs des deux navires s’échangèrent dans une bataille féroce et destructrice. Des morceaux de bois volèrent en éclat, des bras et autres parties insolites du corps des membres de l’équipage partirent s’effondrer dans la mer.
Monsieur, il faut se retirer du combat, nous ne sommes pas prêts à les affronter !
L’un des boulets vint frapper le mât, un morceau s’arracha et heurta de plein fouet la tête du capitaine.
Il s’effondra sur le sol et perdit connaissance. Il n’entendait plus que les tirs tonitruants et les cris de l’équipage, il ne sentait plus que le balancement du navire sur l’océan. Des ombres vinrent se positionner au dessus de lui, il sentit son corps se soulever. Plus rien.